Comment les changements climatiques influencent les primes d’assurance

Comment les changements climatiques influencent les primes d’assurance

Comment les changements climatiques influencent les primes d’assurance

Une nouvelle ère pour les assurances

Si vous avez récemment renouvelé votre contrat d’assurance habitation ou auto, vous avez peut-être remarqué une hausse inattendue de vos primes. Non, il ne s’agit pas simplement d’une politique commerciale agressive de votre assureur. En coulisses, le dérèglement climatique s’impose désormais comme un facteur incontournable dans le calcul des tarifs d’assurance.

Au fil des événements climatiques extrêmes devenus presque monnaie courante — inondations, canicules, tempêtes de plus en plus fréquentes — les assureurs revoient leurs modèles actuariels. Et ce sont nos portefeuilles qui commencent à en ressentir les effets. Mais pourquoi, comment, et dans quelle mesure ? Cet article vous éclaire sur ces liens encore trop méconnus entre dérèglement climatique et coût de l’assurance.

Des événements climatiques plus fréquents = plus de sinistres

Un rapide coup d’œil aux rapports annuels des grands assureurs suffit pour constater l’ampleur du phénomène. Prenons un exemple frappant : la tempête Alex en octobre 2020 dans le sud-est de la France a causé près d’un demi-milliard d’euros de dommages à elle seule. Les inondations dans l’Aude en 2018 ? Environ 220 millions d’euros selon la Fédération française de l’assurance (FFA).

Depuis 2015, la fréquence des « événements naturels » reconnus comme catastrophes a doublé. Et cela n’est pas sans conséquence : lorsqu’un assureur indemnise davantage de sinistres, il répercute cette hausse du risque sur les primes de ses assurés. Une tendance qui devrait, selon la Caisse Centrale de Réassurance (CCR), se poursuivre au rythme d’un bond de 50 % des charges climatiques d’ici 2050.

Assurance habitation : première ligne de front

La première victime assurantielle du changement climatique, c’est souvent votre contrat multirisque habitation. Les maisons et appartements sont exposés à plusieurs types de risques naturels : feux de forêt en zone méditerranéenne, glissements de terrain dans les Alpes, sécheresses dans les zones argileuses du Sud-Ouest ou encore crues en bord de Loire ou de Garonne.

Un cas concret : la récurrence des épisodes de sécheresse affecte dramatiquement les sols argileux, provoquant des fissures sur les bâtis. Ces sinistres sont couverts au titre de la garantie « catastrophes naturelles », activée uniquement après reconnaissance officielle par l’État. Or, ces phénomènes, autrefois marginaux, deviennent désormais la norme dans certaines régions. Résultat ? Certaines compagnies augmentent les tarifs dans les communes les plus vulnérables, voire appliquent des surprimes localisées, une forme d’ajustement géographique du risque.

Auto : quand la météo s’invite sur la route

L’assurance automobile n’est pas en reste. La multiplication des phénomènes climatiques extrêmes se traduit, là aussi, par une hausse des indemnisations. Inondations qui détruisent les véhicules, grêle qui cabosse les carrosseries, ou tempêtes qui renversent des arbres sur les voitures garées : les exemples sont nombreux.

Mais ce qui inquiète particulièrement les assureurs, ce sont les épisodes météo « flash », plus violents et moins prévisibles. En 2022, plusieurs départements ont été frappés par de brusques épisodes grêle-tornade. Résultat : plus de 340 000 sinistres automobiles enregistrés, selon France Assureurs. Et vous vous doutez bien que ces pertes colossales doivent être amorties quelque part… Sur les primes bien sûr.

Certains assureurs vont même plus loin : ils proposent aujourd’hui des offres « écoconduite » ou adaptent leurs tarifs selon l’utilisation réelle du véhicule, en introduisant des outils de télématique. Une façon de limiter les risques, mais aussi de contenir la hausse des primes.

Entre géolocalisation et modélisation climatique : l’assurance évolue

Face à ce contexte inédit, les compagnies d’assurance investissent massivement dans l’analyse de données climatiques et la modélisation prédictive. Grâce à la géolocalisation de vos biens assurés et à des outils de projections météorologiques, elles affinent leur évaluation du risque au niveau du code postal, parfois même à l’échelle d’un quartier.

Cela veut dire quoi pour vous ? Que deux logements séparés de quelques centaines de mètres peuvent se voir appliquer des tarifs très différents, si l’un est en zone inondable et l’autre non. Cette granularité va continuer de s’accentuer, rendant les comparateurs en ligne encore plus précieux pour faire jouer la concurrence.

Quelle responsabilité pour les assureurs ?

Une question que l’on peut (et qu’on doit) se poser : les assureurs se contentent-ils d’augmenter les primes ou participent-ils à la transition écologique ?

Certaines compagnies, en tout cas, prennent cette problématique au sérieux. Elles investissent dans des projets verts, proposent des incitations pour rénover son logement (isolation, toitures végétalisées, etc.), ou encouragent les comportements plus responsables via des réductions tarifaires.

D’autres vont plus loin : elles se retirent progressivement de l’assurance dans certaines zones à risque élevé (littoraux exposés à la montée des eaux, forêts sujettes aux incendies). Cela pose un vrai problème d’ »assurabilité » pour les propriétaires de logements dans ces régions : vous pouvez posséder un bien… mais plus aucune compagnie ne veut l’assurer.

Peut-on encore anticiper les hausses de primes ?

Bonne nouvelle : tout n’est pas hors de votre contrôle. Voici quelques pistes concrètes pour rester proactif face à ces hausses climato-induites :

  • Adapter son niveau de couverture : Il n’est pas toujours utile de tout assurer. Faites le point sur les garanties réellement nécessaires.
  • Comparer chaque année : Utilisez les comparateurs ou rapprochez-vous d’un courtier. Les écarts peuvent être significatifs selon les compagnies et les zones géographiques.
  • Investir dans la prévention : Installer des volets renforcés, renforcer l’étanchéité du toit, créer des systèmes de drainage… Peut vous éviter bien des tracas (et des franchises).
  • Opter pour des offres « responsables » : Plusieurs assureurs proposent des réductions si vous avez rénové votre logement dans un sens plus écologique ou si vous conduisez un véhicule moins polluant.

Un enjeu systémique pour les années à venir

Au-delà des cas individuels, l’influence du climat sur les assurances est un sujet systémique qui interpelle toute la chaîne : de la réassurance aux particuliers. Et cela va de pair avec les grandes transitions sociétales : urbanisation, pression foncière en zone à risque, pouvoir d’achat en berne…

La question de l’ »assurabilité » générale posera tôt ou tard un défi politique. Peut-on laisser certains territoires sans couverture ? L’État doit-il renforcer son rôle de garant en dernier recours, comme cela est aujourd’hui le cas avec le régime des catastrophes naturelles ? Rien n’est moins sûr, mais le débat est lancé.

En résumé : météo capricieuse, primes à la hausse

Dans le monde de l’assurance, le climat n’est plus un sujet annexe : il en est devenu l’un des principaux moteurs d’évolution. Que vous soyez propriétaire, locataire ou simple automobiliste, le vent tourne. Plus que jamais, il est essentiel de comprendre pourquoi vos primes évoluent et comment les contenir.

Et si, en fin de compte, la meilleure manière de protéger son portefeuille était aussi de protéger la planète ? Une interrogation qui dépasse les simples chiffres… mais qui a déjà des impacts très concrets sur vos contrats courant 2024 — et au-delà.