L’assurance emprunteur est bien souvent reléguée au second plan lors de la souscription d’un crédit immobilier. Et pourtant, son coût peut représenter jusqu’à 30 % du montant total du prêt ! En 2024, avec un marché de l’assurance de plus en plus ouvert et concurrentiel, il est plus que jamais essentiel de comparer soigneusement les offres pour faire le bon choix. Mais comment s’y retrouver entre les garanties, les taux, les exclusions et les changements réglementaires ? C’est ce que nous allons voir ensemble dans cet article.
Pourquoi l’assurance emprunteur mérite toute votre attention
Lorsque vous achetez un bien immobilier à crédit, que ce soit votre résidence principale, secondaire ou un investissement locatif, votre établissement prêteur exigera systématiquement une assurance emprunteur. Elle protège à la fois le prêteur et vous-même en cas d’incapacité de remboursement due à un décès, une invalidité ou une perte d’emploi.
Il faut bien comprendre que cette assurance, même si elle est souvent présentée comme une simple formalité, peut faire une différence significative en termes de coût total du projet. Une assurance souscrite à la hâte, sans comparaison, peut alourdir votre mensualité et impacter votre taux d’endettement.
En somme, une offre mal choisie aujourd’hui peut coûter plusieurs milliers d’euros sur les 20 ou 25 prochaines années. Autant dire que cela mérite qu’on y passe un peu de temps.
Assurance groupe vs délégation d’assurance : de quoi parle-t-on ?
Par défaut, la banque vous proposera son assurance « maison », appelée assurance groupe. Elle est mutualisée, c’est-à-dire que les risques sont répartis entre tous les emprunteurs, ce qui peut convenir à des profils standards.
Mais grâce à la loi Lagarde (2010), la loi Hamon (2014), la loi Bourquin (2018), puis la loi Lemoine (2022), vous avez désormais le droit de choisir une assurance externe, appelée délégation d’assurance. Le principal atout ? Des tarifs souvent plus intéressants, et surtout une couverture mieux adaptée à votre profil personnel.
Et bonne nouvelle : depuis 2022, vous pouvez changer d’assurance emprunteur à tout moment, sans frais ni pénalités. Plus besoin d’attendre la date anniversaire du contrat ! Ça, c’est ce qu’on appelle une belle opportunité pour faire jouer la concurrence.
Comparer une assurance emprunteur ne se limite pas au taux
Bien sûr le taux est important. Mais comparer uniquement les TAEA (Taux Annuel Effectif d’Assurance) revient à n’évaluer qu’une partie de l’équation. Voici d’autres critères essentiels à scruter :
- Le périmètre des garanties : décès, PTIA (perte totale et irréversible d’autonomie), ITT (incapacité temporaire de travail), IPT (invalidité permanente totale), IPP (invalidité partielle permanente), perte d’emploi… Toutes les assurances ne couvrent pas les mêmes risques.
- Les exclusions de garanties : sports à risques, affections psychiatriques, maladies dorsales, grossesses pathologiques… Certaines polices incluent des exclusions qui peuvent vous concerner.
- Le mode d’indemnisation : forfaitaire ou indemnitaire ? Dans le premier cas, vous percevez l’indemnisation prévue, même si vous avez d’autres sources de revenus. Dans le second, l’assureur ne compensera que ce que vous avez réellement perdu.
- Les délais de carence et de franchise : éléments parfois occultés, mais qui peuvent avoir un vrai impact (ex. : si vous avez un accident la semaine suivant la souscription… et que la garantie n’est pas encore active).
- L’âge limite de couverture : une donnée essentielle si vous empruntez après 50 ans ou sur une durée longue.
Ça commence à faire pas mal de cases à cocher, non ? Heureusement, des outils de comparaison et les conseils d’un courtier peuvent vous simplifier la tâche.
Zoom sur quelques profils emprunteurs et leurs besoins spécifiques
Il n’existe pas UNE meilleure assurance emprunteur. Il existe la meilleure pour VOTRE profil. Voici quelques exemples typiques :
- Trentenaires en bonne santé : Ce profil bénéficie le plus de la délégation d’assurance. Un contrat externe peut coûter jusqu’à 3 fois moins cher qu’une assurance groupe.
- Fumeurs : Une majoration automatique est appliquée sur la majorité des contrats. Certaines compagnies sont néanmoins plus souples si vous arrêtez de fumer pendant la durée du prêt.
- Professionnels à risque (militaires, pompiers, etc.) : Certains assureurs sont spécialisés dans les profils à risque. Il ne faut pas hésiter à se diriger vers eux via un courtier.
- Emprunteurs senior : Au-delà de 55 ou 60 ans, les conditions peuvent se durcir, et les primes grimper vite. Pourtant, certains assureurs proposent des offres spécifiquement conçues pour ces profils, avec des garanties allégées.
Dans le doute, n’hésitez pas à faire réaliser une simulation par un professionnel. Ça ne vous engage à rien, et cela peut révéler des options que vous n’auriez jamais envisagées seul.
Quid du questionnaire de santé en 2024 ?
Grande nouveauté depuis la loi Lemoine : si vous empruntez moins de 200 000 € (400 000 € pour un couple) et que vous aurez terminé de rembourser votre crédit avant vos 60 ans, vous n’avez plus l’obligation de remplir un questionnaire médical. Fini les refus liés à un antécédent de santé ou les surprimes injustifiées.
Attention cependant : certaines garanties étendues (type ITT/IPT) peuvent encore faire l’objet d’une analyse plus poussée. Et tous les assureurs ne proposent pas encore ces conditions avantageuses. Soyez vigilant lors de la comparaison.
Assurance emprunteur : combien ça coûte réellement ?
Ce n’est pas le moment d’éluder la question. Le coût varie en fonction de plusieurs facteurs, dont :
- Votre âge au moment du prêt
- La durée de l’emprunt
- Le montant total emprunté
- Votre état de santé
- Le niveau de garantie souhaité (résidence principale, secondaire ou locatif)
Un exemple concret : Marc, 35 ans, emprunte 250 000 € sur 20 ans pour l’achat de sa résidence principale. Avec l’assurance groupe de sa banque, il paye 0,36 % du capital emprunté, soit environ 15 000 € sur la durée du prêt. En optant pour une délégation d’assurance à 0,10 %, il divise pratiquement ce montant par 3. Vous voyez l’idée.
Changer d’assurance emprunteur en cours de route : est-ce toujours intéressant ?
Même si votre prêt est déjà ancien, il peut toujours être pertinent d’envisager un changement d’assurance. Grâce à la loi Lemoine, vous n’avez plus besoin d’attendre la date anniversaire ni de motiver votre décision.
Pour savoir si cela vaut le coup, posez-vous les bonnes questions :
- Le montant que vous pouvez économiser est-il significatif ?
- Vos garanties seront-elles équivalentes ou meilleures ?
- La nouvelle assurance est-elle bien acceptée par votre banque ?
Et côté démarche, rien de très compliqué. Il suffit généralement d’envoyer une demande de substitution, accompagnée du nouveau contrat. La banque dispose de 10 jours pour vous répondre.
Le rôle clé du courtier dans ce casse-tête
Vous pouvez bien sûr comparer tout seul… si vous aimez les tableaux Excel et que les conditions générales ne vous font pas peur. Mais si vous préférez gagner du temps et bénéficier d’un avis éclairé, le recours à un courtier peut être judicieux. Il identifiera immédiatement les offres les plus cohérentes avec votre profil et saura négocier les subtilités des contrats pour vous éviter des déconvenues.
Et dans bien des cas, ce service est gratuit, car rémunéré par les compagnies d’assurance. Pourquoi s’en priver ?
L’autre avantage du courtier, c’est qu’il saura vous accompagner aussi bien lors de la souscription de votre prêt que pour optimiser votre assurance emprunteur a posteriori. Un partenaire utile sur le long terme.
En résumé : les réflexes à adopter en 2024
- Ne signez jamais une assurance emprunteur sans la comparer à des offres externes.
- Examinez les garanties au-delà du simple taux affiché.
- Utilisez les avantages de la loi Lemoine pour renégocier à tout moment.
- Adaptez votre assurance à votre âge, votre statut professionnel et votre santé.
- Faites-vous accompagner par un professionnel si vous manquez de temps ou d’expertise.
L’assurance emprunteur est loin d’être un détail. Traitée avec sérieux, elle peut non seulement sécuriser vos proches et votre patrimoine, mais aussi vous faire économiser plusieurs milliers d’euros. En 2024, l’information est accessible, les outils en ligne performants et les lois de votre côté : il n’y a plus aucune raison de ne pas choisir ce qui se fait de mieux.
Comme le dit souvent un confrère dans l’immobilier : “On n’a pas toujours le pouvoir de négocier les prix, mais on a toujours celui de faire les bons choix”. À méditer.
