Comprendre l'interdiction bancaire
Être interdit bancaire est une situation qui peut sembler particulièrement difficile à vivre. Pourtant, elle touche chaque année des milliers de personnes en France. Cela signifie principalement que vous avez été inscrit au Fichier Central des Chèques (FCC) de la Banque de France à la suite de l’émission d’un chèque sans provision non régularisé ou en raison d’un usage abusif de votre carte bancaire.
Cette mesure entraîne alors des conséquences graves, notamment l’interdiction d’émettre des chèques, la clôture ou le gel de certains comptes bancaires, et la nécessité d’utiliser uniquement un compte bancaire "de base". Cette situation peut donner l’impression que toute gestion financière devient impossible, y compris le fait d’épargner. Mais est-ce réellement le cas ? Peut-on mettre de l’argent de côté même en étant interdit bancaire ? Explorons le sujet en détail.
Les conséquences directes de l’interdiction bancaire sur la gestion des comptes
L’interdiction bancaire, même si elle limite fortement l’usage de nombreux services, n’interdit pas à une personne d’avoir un compte bancaire. En effet, toute personne physique domiciliée en France ou dans un pays de l’Union européenne a le droit d’accéder à un compte bancaire grâce au principe du droit au compte. Ce droit est inscrit dans le Code monétaire et financier selon l’article L312-1.
Lorsqu’un établissement bancaire refuse l’ouverture d’un compte en raison d’un fichage, la Banque de France peut désigner une banque qui sera contrainte d’ouvrir un compte de dépôt gratuit avec des services de base : domiciliation de virements, retraits d’espèces, consultation du solde, prélèvements, etc. Cela permet donc de continuer une certaine gestion financière personnelle malgré les restrictions imposées.
Le véritable changement concerne surtout les services associés : les découvertes sont interdits, les cartes de crédit souvent retirées, les chèques ne peuvent plus être émis. Cependant, la capacité à placer de l’argent de côté n’est pas juridiquement interdite.
Est-il autorisé d’épargner en étant interdit bancaire ?
Oui, il est tout à fait possible d’épargner en étant fiché à la Banque de France. L’interdiction bancaire ne signifie pas que vous êtes privé du droit d’économiser. Vous pouvez toujours déposer de l'argent sur un compte épargne ou un livret, sous certaines conditions. Tout dépend du type de produit d’épargne envisagé et de l’établissement bancaire avec lequel vous êtes en relation.
Le principal obstacle à l’épargne ne vient pas de l’interdiction elle-même, mais des restrictions imposées par certaines banques. En effet, les banques traditionnelles peuvent refuser l’ouverture de produits d’épargne (comme un Livret A, un PEL ou une assurance vie) à un client en situation d’interdit bancaire. Toutefois, il existe des alternatives pour contourner ces limitations.
Les solutions pour épargner malgré l’interdiction bancaire
Face aux difficultés posées par les banques classiques, plusieurs solutions sont envisageables pour continuer à épargner :
- Ouvrir un compte dans une néo-banque : De nombreuses plateformes bancaires en ligne ou néo-banques (comme N26, Revolut, Lydia ou encore Sogexia) acceptent les profils "interdits bancaires". Elles proposent des comptes sans découvert, avec IBAN, carte bancaire prépayée, mais surtout sans conditions de ressources ni de situation bancaire préalable.
- Utiliser un compte avec cagnotte intégrée : Certaines applications proposent aujourd’hui une fonctionnalité de cagnotte intégrée ou de sous-comptes, permettant de réserver une partie de votre solde à l’épargne. C’est le cas par exemple de Revolut ou Bunq.
- Le Livret A sous certaines conditions : Le Livret A est un produit d’épargne réglementé accessible à toute personne physique. Toutefois, en étant interdit bancaire, il faudra convaincre la banque d’ouvrir ce type de livret. Toutes ne l’acceptent pas, même si légalement, cela n’est pas interdit.
- Systèmes d’épargne alternatifs : Certaines associations proposent des formules d’épargne solidaire, sous forme de tontine ou de cotisation collective mensuelle. Ces dispositifs, bien que non bancaires, permettent de mettre de l’argent de côté dans un cadre sécurisé et communautaire.
Gérer son budget pour pouvoir épargner
S’épargner ne signifie pas forcément grosses sommes mais plutôt mettre de côté régulièrement, même des montants modestes. Être interdit bancaire n’empêche pas cette discipline, qui repose avant tout sur une bonne gestion des ressources :
- Établir un budget mensuel : Identifier ses revenus et dépenses pour isoler une petite somme à épargner chaque mois.
- Réduire les dépenses superflues : Revoir ses abonnements, gérer sa consommation énergétique, limiter les achats non essentiels.
- Avoir une routine d’épargne : Automatiser les virements dès la réception du salaire vers un sous-compte ou une néo-banque.
- Se fixer des objectifs : Mettre de côté pour un projet (vacances, formation, appareil électroménager) permet de rester motivé.
Quels produits d’épargne sont accessibles aux personnes interdites bancaires ?
Selon les banques et les solutions choisies, plusieurs options s’offrent à vous :
- Les comptes de paiement : Offerts par les néo-banques, ces comptes incluent parfois la possibilité de créer des sous-comptes ou enveloppes d’épargne. Ce n’est pas un produit d’épargne au sens juridique, mais il permet de mettre de l’argent de côté sans y toucher.
- Le Livret A (sous conditions) : Si la banque accepte de vous l’ouvrir, ce livret reste une solution patriotique et disponible avec un taux garanti.
- Le compte à terme : Rarement proposé aux interdits bancaires mais techniquement autorisé, il permet de bloquer une somme pour une durée définie à un taux fixe.
- Les cartes prépayées rechargeables : Certaines cartes rechargeables permettent de stocker de l’argent sans qu’il soit immédiatement accessible, ce qui peut être utile pour l’épargne.
La levée de l’interdiction bancaire, une étape clé
Il est utile de rappeler que l’interdiction bancaire n’est pas éternelle. Elle dure généralement 5 ans mais peut être levée plus tôt si vous régularisez la situation à l’origine du fichage (chèque payé, compte provisionné, régularisation validée par la banque). Une fois la levée actée, votre nom est retiré des fichiers de la Banque de France.
Après cela, toutes les options de la banque traditionnelle vous sont de nouveau accessibles : ouverture d’un nouveau compte-élève, demande de crédit, dossiers d’investissement, etc. D’ici là, vous pouvez maintenir des habitudes d’épargne avec les solutions existantes afin d’aborder cette période avec un capital de secours.
Si vous souhaitez en savoir plus sur les méthodes d'épargne malgré une situation d’interdit bancaire, des plateformes dédiées proposent des conseils et témoignages très utiles.
L’importance de maintenir une régularité d’épargne
Même dans des situations financières difficiles, épargner un peu chaque mois peut faire toute la différence. Cela permet non seulement de constituer une réserve d’urgence, mais également de sortir plus facilement d’une impasse financière. En épargnant, vous gagnez en autonomie et en capacité à faire face aux imprévus. Vous montrez aussi aux établissements financiers, à terme, une preuve de discipline et de gestion responsable, ce qui peut être déterminant si vous voulez réintégrer le circuit bancaire classique après la levée de votre fichage.
Être interdit bancaire n’est pas synonyme d’exclusion totale du système financier. Si certaines restrictions s’imposent, notamment vis-à-vis des banques traditionnelles, des alternatives existent pour continuer à gérer son argent intelligemment. Grâce aux néo-banques, aux solutions d’épargne alternatives et à une rigueur personnelle dans la gestion de ses finances, il est tout à fait possible de mettre de l’argent de côté et d’anticiper les coups durs. C’est même l’une des premières étapes vers une réhabilitation complète au sein du système bancaire.
En adoptant les bons réflexes et en explorant les options accessibles, même les personnes en situation de précarité bancaire peuvent reprendre le contrôle de leur avenir financier.