Les conséquences de la résiliation infra-annuelle pour les assurances multirisques

Les conséquences de la résiliation infra-annuelle pour les assurances multirisques

Les conséquences de la résiliation infra-annuelle pour les assurances multirisques

Comprendre la résiliation infra-annuelle en assurance

Depuis le 1er décembre 2020, la résiliation infra-annuelle (RIA) est une réalité pour les contrats d’assurance multirisques habitation. Portée par la loi n° 2019-733 du 14 juillet 2019 dite loi « PACTE », cette évolution législative vise à renforcer la concurrence et la liberté du consommateur. Exit l’impossibilité de changer d’assurance avant la date anniversaire du contrat : désormais, il est possible de résilier à tout moment après la première année.

Mais quels sont les effets concrets de cette mesure, tant pour les assurés que pour les assureurs ? Dans cet article, je vous propose de décortiquer ensemble les implications réelles de la résiliation infra-annuelle sur les assurances multirisques habitation (MRH), entre promesses de flexibilité et rééquilibrages tarifaires potentiels.

Une liberté nouvelle pour les assurés

Soyons francs : avant la réforme, changer d’assurance multirisque relevait du parcours du combattant. À moins d’un déménagement ou d’un événement spécifique, il fallait attendre la date anniversaire et respecter un délai de préavis souvent peu pratique. Résultat ? Peu d’assurés osaient sauter le pas, même face à des hausses tarifaires agressives ou à des garanties mal adaptées.

Avec la RIA, le consommateur reprend la main. Dès la fin de la première année, il peut mettre fin à son contrat à tout moment, sans pénalité, et s’orienter vers une offre plus compétitive. En clair :

  • Aucun frais de résiliation
  • Résiliation possible à tout moment après 12 mois
  • La nouvelle assurance se charge des formalités, comme pour l’assurance auto depuis la loi Hamon

Vous trouvez que votre prime a augmenté sans justification particulière ? Ou vous réalisez que vos garanties sont obsolètes face à votre nouveau mode de vie ? Grâce à la résiliation infra-annuelle, vous n’avez plus à subir passivement.

Une pression accrue sur les assureurs

Côté assureurs, la donne a sensiblement changé. Cette libéralisation dynamise un marché longtemps figé par le principe de reconduction tacite. Désormais, impossible pour un assureur de se reposer sur son portefeuille client en l’entretenant mécaniquement chaque année. Il doit convaincre… et fidéliser.

Pour certains acteurs du secteur, cela signifie revoir complètement leur stratégie :

  • Améliorer leur réactivité en cas de sinistre, un facteur de fidélisation clé
  • Rendre les conditions générales plus lisibles (et moins labyrinthiques)
  • Repenser la tarification avec plus de précision pour s’aligner sur le profil réel de l’assuré

La compétition est donc relancée, au bénéfice (théorique) des assurés. Mais attention, car tout avantage a ses revers.

Vers une segmentation tarifaire plus fine

Ce que l’on observe depuis la mise en place de la RIA, c’est une évolution rapide vers une tarification davantage basée sur le risque individuel. Les assureurs ne peuvent plus se permettre de diluer les mauvais risques au sein d’un portefeuille captif.

Concrètement, cela veut dire quoi ? Si vous habitez dans une zone à forte sinistralité (inondations, cambriolages, incendies…), votre prime pourrait grimper plus vite que celle de votre voisin mieux loti géographiquement. Le système devient plus transparent, mais aussi plus discriminant.

Là où auparavant, les bons risques « subventionnaient » les mauvais, cette logique est en train de disparaître. Résultat : les profils peu risqués sont fortement courtisés à coups de promotions et de remises, tandis que les profils jugés à risque peuvent voir leurs cotisations s’envoler — voire peiner à trouver un assureur.

L’effet “nomadisme” et ses dérives potentielles

Autre conséquence collatérale : le phénomène croissant de “churn”, autrement dit, les changements de contrat fréquents. Certains assurés n’hésitent pas à jouer la concurrence chaque année, profitant des bonus de bienvenue, au risque parfois de “zapper” les conditions essentielles du contrat.

Mais attention, cette stratégie peut se retourner contre eux :

  • Des garanties optionales parfois moins protectrices
  • Certains assureurs peu engagés sur le long terme
  • Une complexité pour retrouver l’historique en cas de sinistre ou de litige

Lorsqu’un dégât des eaux détruit une partie de votre logement, ce n’est pas le tarif le plus bas que vous chercherez. C’est un interlocuteur réactif, une protection solide, et une indemnisation rapide. Le prix ne fait pas tout.

C’est là qu’un conseil de courtier ou d’expert peut faire toute la différence. Évaluer un contrat ne se limite pas à lire la prime annuelle. C’est comprendre la franchise, les exclusions, le délai de carence ou encore le plafond de remboursement.

Le rôle central du courtier dans ce nouveau paysage

Avec cette nouvelle latitude offerte aux particuliers, le rôle du courtier (ou du conseiller) prend une dimension plus stratégique. Il ne s’agit plus simplement de “placer un contrat”, mais de construire une relation pérenne entre le client et l’assurance, en choisissant l’offre adaptée aux besoins réels.

Un bon courtier anticipe les risques de son client, négocie des garanties sur mesure et reste vigilant sur l’évolution des conditions au fil du temps. Dans un contexte de résiliation possible à tout moment, il a tout intérêt à jouer la carte de la transparence et de la qualité du service.

Cela offre également un bel espace de concurrence aux courtiers en ligne, capables de proposer un comparatif précis en quelques clics, et une souscription 100 % dématérialisée… à condition de bien accompagner le client dans la compréhension des garanties.

Des impacts variables selon les profils

Il serait trompeur de penser que cette réforme profite à tout le monde de la même manière. L’intérêt d’un changement d’assurance dépend du profil de l’assuré, mais aussi du logement lui-même :

  • Un jeune locataire en colocation pourra bénéficier d’offres simples à prix cassé, quitte à changer régulièrement
  • Une famille propriétaire avec piscine et équipement domotique aura tout intérêt à privilégier la stabilité et la robustesse des garanties
  • Un senior habitué à son assureur peut rester fidèle… mais profiter de la RIA pour renégocier en sa faveur

En réalité, le vrai avantage de la résiliation infra-annuelle, c’est qu’elle crée un rapport de force plus équilibré. Le client peut désormais faire jouer la concurrence, même sans changer de contrat. Et cela, c’est nouveau.

Vers un avenir plus flexible, mais aussi plus exigeant

Finalement, la résiliation infra-annuelle a redonné de la souplesse à un marché longtemps verrouillé, en rééquilibrant la relation entre l’assuré et l’assureur. C’est une avancée réelle… mais qui implique aussi que l’assuré devienne un peu plus acteur de sa protection.

Comparer, questionner, lire les conditions générales (oui, même les petites lignes !), comprendre les garanties optionnelles : toutes ces démarches deviennent indispensables dans un univers plus agile, mais aussi plus technique. Et c’est précisément là que l’accompagnement humain — que ce soit celui d’un courtier ou d’un conseiller indépendant — prend tout son sens.

Dans un monde où l’on peut changer d’assurance aussi facilement qu’on change de forfait mobile, il ne faut pas oublier que votre contrat vous protège face à des sinistres graves. Choisir l’offre la moins chère peut avoir un coût… bien plus élevé que prévu.

À bon entendeur !